mercredi 28 novembre 2007

L’Equateur donne l’exemple en matière d’audit

Lien audio du discours de Ricardo Patino, ministre des finances de l'Equateur. (Fr)


Discours du président Rafael CORREA à l’Assemblée générale à l'ONU

Discours du président Rafael CORREA à l’Assemblée générale
des Nations unies à New York le 26 septembre 2007:

CADTM

LES OBJECTIFS DU MILLENAIRE LIMITENT LES ASPIRATIONS DE CHANGEMENT SOCIAL[1]

Monsieur le Président, Excellences, Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement et Messieurs les Représentants des Gouvernements du Monde :
Permettez-moi de commencer cette intervention par une réflexion sur l'engagement de la lutte contre la pauvreté, en vigueur depuis septembre 2000, quand 189 pays ont souscrit à la déclaration des Objectifs du Millénaire du Développement (OMD). En vertu de cet accord, nous nous sommes engagés à atteindre, d'ici 2015, certains objectifs de base sur le chemin du Développement Humain.

LIMITES DES «OBJECTIFS DU MILLENAIRE»

Aujourd'hui, depuis qu’un gouvernement a proclamé en Équateur une révolution citoyenne, démocratique, éthique et nationaliste, nous souhaitons proposer quelques réflexions critiques sur le concept même des OMD, sur leurs limites et sur les dangers qu'impliquent des agendas minimalistes de cette nature, surtout face aux profondes asymétries sociales et économiques que vit la planète.

La première limite des OMD est qu'ils constituent une stratégie minimaliste pour réduire la pauvreté. Notre but est d'aller bien au delà de tels minima, en approfondissant les objectifs et en en y incorporant de nombreux autres. Le fait de se rallier de manière exclusive à une optique de besoins minimums, comme celle que posent les OMD, implique un haut risque qui, tout en cherchant à satisfaire les consciences, limite les aspirations au changement social.

Ainsi, nous pouvons affirmer qu'il existe deux niveaux qui nous permettent de caractériser la vie des personnes. Le premier a trait aux capacités indispensables des êtres humains pour subsister au sein de la société, capacités sans lesquelles une vie ne mérite pas d’être qualifiée d'humaine. Le second niveau se réfère aux capacités qui permettent à chacun de se réaliser en tant que personne dans cette société. Nous ne parlons donc pas seulement de subsistance, mais du droit de jouir d'une vie digne d'être vécue.

NON AUX OBJECTIFS MINIMALISTES

Monsieur le Président, Excellences :
Nous pensons qu'avoir pour but de vivre avec un dollar plus un centime par jour de sorte à, soi disant, vaincre l'extrême pauvreté, ou éviter de mourir prématurément, comme cela figure dans les OMD, ne permet pas de mener une vie décente.

Le développement de politiques publiques dans un pays qui aspire à un changement radical, comme c'est le cas de l'Equateur, ne peut se contenter d'atteindre des objectifs minimalistes. Bien sûr, éviter la mort prématurée de garçons et de filles ou de femmes lors de l'accouchement, est un objectif incontestable. Cependant, en ne nous centrant que sur cela, nous courons le risque de nous contenter du fait que la vie humaine soit simplement un processus de résistance visant à prolonger de quelques heures l'existence des personnes.

OBJECTIFS COMMUNS SUR DES MAXIMA SOCIAUX

Par conséquent, nous proposons des objectifs communs non seulement sur des minima de vie mais sur des maxima sociaux. Par exemple, nous considérons qu'il est possible de partager des identités diverses, de construire et de récupérer des espaces publics, de garantir l'accès à la justice, d'avoir un emploi qui garantisse le droit à gagner sa vie, d'avoir du temps pour la méditation, la création artistique et le loisir, des objectifs qui se trouvent déjà dans le Plan National de Développement mis en vigueur par le gouvernement équatorien.

Nous renonçons ainsi à l'idée selon laquelle le présent est une pure fatalité historique face à laquelle nous nous soumettons en ne cherchant à satisfaire que des minima clairement élémentaires.

De plus, le fait de se contenter de ces minima suppose également la légitimation de la réalité que nous vivons, puisque de tels minima ne cherchent pas à remettre en cause les écarts ni les relations de pouvoir existants entre les sujets et entre les sociétés. En ce sens, nous plaidons également en faveur de la reconnaissance d'une dignité égale pour tous les êtres humains.

Accorder à certaines personnes des minima doit être, tout au plus, un objectif transitoire et ne doit jamais être considéré comme un modus operandi de la politique publique, du fait que cela suppose de situer le «bénéficiaire» dans une position d'infériorité face aux autres. En d'autres termes, cela suppose de ne pas reconnaître son droit égal à la dignité humaine face aux autres. De fait, ce n'est pas un hasard si des bureaucraties internationales comme la Banque mondiale proposent systématiquement de fournir des rapports sur la pauvreté (“poverty reports”) sans que jamais il ne leur soit venu à l'esprit de réaliser des rapports sur les inégalités (“inequality reports”).

C'est pour cela que la meilleure stratégie de réduction de la pauvreté dans la dignité est sans doute la réduction des écarts sociaux, économiques, territoriaux, environnementaux et culturels. De cette façon, un des objectifs principaux de notre gouvernement est de diminuer les inégalités dans le cadre d'un développement endogène, d'inclusion économique et de cohésion sociale et territoriale, aussi bien au niveau interne qu'au niveau global.

DROITS HUMAINS ET VALEURS UNIVERSELLES CONTRE PROGRAMMES SOCIAUX QUI FRAGMENTENT LA SOCIETE

Dans le même sens, nous cherchons à réaliser en Equateur le règne des droits humains et des valeurs universelles. Au contraire, ce que la longue et triste nuit néolibérale préconisait, dans une perspective d'assistance et de compensation des conséquences de l'absolutisme du marché, ce sont des programmes sociaux qui ont fragmenté la société en autant de parties qu'il existe de groupes sociaux.

Cependant, un projet national et un changement des rapports de force au sein d'une société ne signifient pas une addition de fragments qui voudraient, par le hasard du destin, acquérir du sens et de la cohérence et se compléter comme les parties d'un puzzle, même si nous ne disposons pas de toutes les pièces qui le composent

Il est indispensable d'élaborer un projet partagé, qui doit être en constante redéfinition, et qui ait justement pour objectif que tous, nous souhaitions y prendre part. Pour cela, nous avons élaboré en Équateur le Plan National de Développement de façon démocratique, parce nous pensons que sans la participation de tous aux décisions fondamentales de la société, aucun pays ne pourra légitimer et rendre ses décisions politiques plus efficaces.

Il s'agit en définitive de modifier une pratique politique appliquée par les secteurs traditionnels, avec leur technocratie et leur élitisme, pour rendre la parole et l'action à ceux qui doivent être les maîtres, les protagonistes et les bénéficiaires des politiques publiques.

De plus, je souhaiterais signaler que les OMD souffrent d'une vision du développement attachée à des critères de consommation et à une stratégie liée aux processus de libéralisation économique.

Notre vision du développement est très différente : nous entendons par développement le bien être de tous, en paix et en harmonie avec la nature, et la prolongation infinie des cultures humaines.

PROPOSITION EQUATORIENNE POUR LA REDUCTION DU CO2: LAISSER LE PETROLE EN TERRE

En ce sens, il nous plaît qu'au sein de cette Assemblée, soient largement débattus les effets dévastateurs et injustes du changement climatique. L'Equateur a fait une proposition concrète et novatrice pour contribuer à la réduction de l'émission de CO2 et à la conservation de la biodiversité avec notre projet Yasuní-ITT.

L'initiative pose l'engagement de ne pas exploiter environ 920 millions de barils de pétrole et d’éviter ainsi l'émission de près de 111 millions de tonnes de carbone provenant de l’utilisation de combustibles fossiles.

Cependant, cela impliquerait de ne plus recevoir des investissements pour ce projet et un manque à gagner de près de 720 millions de dollars par an, ce qui est très significatif pour l'économie équatorienne. Nous sommes disposés à faire cet immense sacrifice, mais en demandant la co-responsabilité de la communauté internationale (surtout les pays développés, principaux prédateurs de la planète) et une compensation minimale pour les biens environnementaux que nous générons.

Ce serait un extraordinaire exemple d'action collective mondiale (passer de la rhétorique aux faits concrets, à la pratique) qui permettrait non seulement de réduire le réchauffement mondial pour le bénéfice de toute la planète mais également d'inaugurer une nouvelle logique économique pour le XXIème siècle, où l’on prend en compte la création de valeur d’usage plutôt que la production de marchandises.

DECLARATION DES DROITS DES PEUPLES INDIGENES

Parlant de cultures, nous nous réjouissons aussi du fait que l'Assemblée des Nations unies ait adopté il y a quelques jours la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes, très activement appuyée par l'Equateur. Il a fallu attendre plus de 20 ans pour que cet instrument soit approuvé : ce sera la charte fondamentale pour la protection des droits humains de nos peuples aborigènes.

POUR L'EQUATEUR, IL N'EXISTE PAS D'ETRES HUMAINS ILLEGAUX

Enfin, le bien être dont nous parlons présuppose aussi que les libertés, opportunités et potentialités réelles des individus soient amplifiées. En ce sens, le fait que d’une part, on promeut au niveau mondial la libre circulation des marchandises et des capitaux en cherchant la rentabilité maximale, mais que, d'un autre côté, on pénalise la libre circulation de personnes à la recherche d'un emploi digne est un paradoxe immoral : c'est tout simplement intolérable et insoutenable d'un point de vue éthique.

Pour le Gouvernement de l'Equateur, il n'y a pas d'êtres humains illégaux et les Nations unies doivent insister sur ce point. Il n’existe pas d’êtres humains illégaux. C'est inadmissible. Nous travaillons activement pour promouvoir un changement de ces politiques migratoires internationales honteuses, sans oublier, évidemment, que notre plus grande responsabilité est la construction d'un pays qui offre les garanties d'une vie digne comme mécanisme de prévention à l'exode forcé par la pauvreté et l'exclusion.

IL N'Y A PAS DE FIN DE L'HISTOIRE ET DES IDEOLOGIES

Monsieur le Président, Excellences :

Nous ne devons pas nous faire d’illusions face à ceux qui proclament la fin des idéologies, la fin de l'histoire. Les secteurs conservateurs veulent nous faire croire que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles et qu'il faut abandonner toute tentative de changement, toute tentative de construction de notre propre identité individuelle et collective, toute tentative de construction de notre histoire.

Face à cette conception du monde, mesquine et auto satisfaite, nous autres, nous soutenons qu'il est possible de mener à bien une action collective, consciente et démocratique, pour diriger nos vies et organiser la société mondiale d'une autre manière, avec un visage plus humain. Notre concept du développement nous oblige à nous reconnaître, à nous comprendre et à nous estimer les uns les autres, afin de rendre possible l'autoréalisation et la construction d'un avenir partagé.
C'est à la construction de ce monde, de ce rêve, que l'Equateur vous invite.

Mesdames et Messieurs, merci beaucoup.

Rafael Correa Delgado
Economiste et professeur d’université. Président de la République de l'Equateur.

Traduction en français par Denise Comanne, Cécile Lamarque et Eric Toussaint (CADTM)



[1] Discours prononcé à la Soixante-deuxième Assemblée Générale de l'Organisation des Nations unies à New York.

Cahiers du CBM à télécharger (Arabe)

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mercredi 18 juillet 2007

De la réactualisation de Ben Barka

De la réactualisation de Ben Barka
Enlevé de la Brasserie Lip le 29 /10/65, BB a été torturé dans une villa , liquidé , son corps n’a jamais été retrouvé depuis .
Plus de 40 après cet assassinat politique,la vérité reste étouffée et les coupables protégés.
Or l’ouverture de documents secrets déclassifiés, loin de déterminer la responsabilité, nourrit les médias en mal de scoop et de scandales .

A défaut de révéler la vérité et de juger les coupables , l’affaire BB avait pris la tournure d’un roman policier . Aujourdh’ui,avec les dernières révélations publiées par certains journaux elle ressurgit sous la trame d’un film d’espionnage de mauvaise série.

« Avant d’être enlevé et de disparaître à Paris en 1965, l’opposant marocain a travaillé pour les services secrets tchécoslovaques. »
Cette révélation est publiée dans l’Express du 4 juillet 2007 qui affirme dans un titre racoleur: « Ben Barka était un agent de l’Est. »
Elle est reprise dans le Journal daté du 7 juillet qui titre “Ben Barka espion de l’Est?”:

Le sens de ces révélations :
Les arguments du Journal ou le discrédit du socialisme.
Partant d’un constat réél :“Ses partisans ont sanctifié le personnage mais aussi dilapidé son capital politique au grè de leurs calculs politiques avec la monarchie” , le Journal spécule sur ce qu’aurait pû être l’évolution politique de Ben Barka : “aurait-il eu la même attitude au 20ème siécle qui a vu son idéal politique disparaitre avec les Soviets?” (Le Journal) . Et de poursuivre :
Son “image légendaire” mystifiée vaut mieux que celle de Castro, malade et vieux qui continue à s’accrocher à son régime finissant.
Même si ,reconnait le Journa,l l’ Amérique Latine “ voit se génèrer des ersatz de Guevara, comme Chavez, à la mode altermondialiste”
’il faut , pour comprendre la portée de ces documents, se replacer dans le contexte de la guerre froide”,’écrit le Journal.
“Pour son ambitieux projet de la Tricontinentale, Ben Barka comme d’autres porteurs de cette idéologie, avait besoin de ces soutiens pour arriver à ses fins au Maroc et ailleurs.”
Il semblerait que ce n’est qu’en se plaçant dans le contexte de la pensée unique du néo-libéralisme que l’on peut comprendre pourquoi ces révélations , quel est leur but.
A vouloir tant “déconstructruire”, nos néolibéraux se nourrissent de la confusion, l’alimentent au grand mépris de notre intelligence.

L’ouverture des archives pour mieux manipuler et encore plus.

Après avoir révélé ses liens supposés avec le Mossad, aujourd’hui Ben Barka est devenu un agent de l’Est.
Aprés avoir fait disparaitre son corps, on déterre les archives pour récrire une autre histoire, la manipuler, la travestir, banaliser le personnage.
Dans une lecture des néo conservateurs, les contre-révolutionnaires sont absous , les révolutionnaires sont “désacralisés” en décortiquant des révélations douteuses.
Les documents secrets déclassifiés restant attendus , ce qui permet de préparer le terrain pour banaliser la vérité. C’est assassiner une fois de plus Ben Barka et par là même enterrer les idées qu’il portait .
Il a existé plusieurs Ben Barka, celui du jeune nationaliste de l’Istiqlal et monarchiste, poussé aux compromissions puis accculé à se remettre en question,en une période marquée par les luttes des peuples pour leur indépendance.
Sans vouloir mystifier le personnage, le Ben Barkai qui nous interesse est celui de la Tricontinentale,. Pour ressituer dans une lecture contemporaine, un projet qui reste toujours actuel, celui de construire des alternatives au monde globalisé que nous subissons.
Au sortir des Indépendances, sa critique “Option révolutionnaire” et sa relecture reste encore actuelle.
La période était marquée par des alternatives necessaires pour trouver d’autres issus mondiales aux peuples qui aspirent à une réelle indépendace.
Nous savons que la plupart des leaders porteurs de cette pensée ont été tués : de Lumumba, au Ché, Amilcar Cabral, de ceux qui luttaient contre les colonialismes, qu’ils soient français, belge, espagnol, portugais, nord-américain et de tous continents.

L’Algérie qui vient de conquérir son indépendance de haute lutte en 1962 a été le point de rencontre de tous les leaders qui ont par la suite contribué à créér la Tricontinentale. Ben bella sera alors renversé par Boumedienne en 1965 .
L’année 1965 aura été le tournant .

Patrice Lumunba est assassiné avec ses compagnons le 17 janvier 1961 au Congo et Mobutu prend le pouvoir par un coup d’Etat.
Conduits par avion au Katanga, ils seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire ou ils seront fusillés le soir même par des soldats sous commandement belge. Des documents secrets officiels belges déclassifiés, révèlent que c’est bien la Belgique qui porte la plus grande responsabilité dans l’assassinat de Lumumba. L’opération a été menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. La population déclenche une insurrection, avant d’être écrasée par l’armée de Mobutu.
La mort de Lumumba a été une lourde perte pour la communauté des pays non-alignés. Un de ses bourreaux, le général Mobutu le consacra héros national en 1966. Ce n’est qu’en 2002 que le gouvernement belge a reconnu une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba et s’est limité à des excuses.
Ce n’est que grâce au travail de fourmi lancé par le CADTM Belgique, autour de l’audit de la dette du Congo, la lutte pour demander justice et reposer la question de la dette du Congo est de nouveau relancée. Cette lutte nous concerne pleinement, au Maroc et pas seulement parce qu’une part de l’argent volé du dictateur Mobutu a été réinvesti chez nous. Pas seulement parce qu’une communauté importante de congolais, chassés par la misère et les guerres demandent refuge au Maroc où ils sont traités au mépris des droits les plus élémentaires.
Mais justement parce à vouloir travestir l’histoire, elle ne rejaillit que de plus belle.
La méthode utilisée pour éliminer Ben Barka en 1965 avait déjà servi en 1961 pour éliminer Patrice Lumumba. Et tout comme Ben Barka, il s’est battu pour un même projet politique.
Son engagement dans le mouvement une non-aligné, son projet de réformes économiques pour le nouveau Congo indépendant, la rupture avec le colonialisme belge et l’impérialisme US, le rapprochement de l’URSS pour obtenir des subventions et contrer les pressions américaines dans cette période de guerre froide. Une autre vision de l’indépendance qui ne pouvait être tolérée car elle touchait au cœur les intérêts impérialistes dans la région, elle redonnait espoir aux millions d’Africains et concernait tous les peuples dominés.
Les mêmes méthodes ont été utilisées pour faire disparaître Ben Barka et pour les mêmes raisons..
Or l’ouverture des documents secrets déclassifiés qui permettraient de lever le doute, au pouvoir marocain de reconnaître sa responsabilité dans la mort de Ben Barka, de permettre à la famille de faire le deuil ,à la mémoire collective de connaître la vérité, on continue à brouiller les pistes.

L’unique hommage à rendre à Ben Barka serait de réactualiser le projet pour lequel il a été liquidé : La Tricontinentale.
Plus que jamais à l’ordre du jour, aujourd’hui, elle passe par l’unité des luttes dans les trois continents, dans un contexte de guerres, de pillage des ressources et de soumission de nos souverainetés.
Au sortir d’années de dictatures en Amérique du Sud, les mouvements politiques et sociaux ont imposé une résistance à travers de nombreuses luttes et ont réussi à mettre en place des gouvernements et élire des présidents issus de mouvements comme Lula au Brésil et tout dernièrement Evo Morales en Bolivie, Corréa en Equateur.
Dans notre région dévastée par les guerres, nos mouvements sociaux restent faibles et pris en tenaille entre des bureaucraties politiques et syndicales et des régimes répressifs. Ces mouvements sont contenus par une répression forte qui ne tolère aucune forme d’auto organisation. Plusieurs leaders sont liquidés, le cas de Ben Barka, au sortir de l’indépendance est le plus célèbre, mais ne fait pas oublier bien d’autres dirigeants et résistants comme Omar Benjelloun, assassiné en 1972 par des islamistes à la solde du régime, Houcine Manouzi toujours disparus, Abdallah Mounacer, assassiné, son corps jeté dans le port d’Agadir en 1995, pour avoir organisé les marins pêcheurs.
En Afrique, les guerres incessantes et des régimes mis en place pour permettre aux multinationales de poursuivre le pillage des richesses, perpétuent des génocides sans fin.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes un seul peuple du sud face à la mondialisation. Nous réapproprier nos luttes et notre mémoire collective, c’est aussi nous forger pour les luttes à venir. Les hommes meurent, mais les idées qui poussent aux résistances se renouvellent sans fin tant qu’une dictature économique génère encore et encore plus de misère.
Souad Guennoun
29 juillet 2007

lundi 11 juin 2007

اللجنة البوليفارية – المغرب احياء مشروع القارات الثلاث

نحن معنيون بالبدائل والسيرورة الجارية بفنزويلا. إن السيرورة الثورية بأمريكا اللاتينية، أمريكاتنا Nuestra america تجربة جديدة. إنها حركة ملتفة حول شخصية تشافيز، أي حول نضاله ضد الإمبريالية، وتطوره السياسي. وهي تجربة جديدة مطابقة للتحولات التي تشهدها المنطقة. يجب في الآن ذاته التعريف بها، و الدفاع عنها وأيضا الدفاع عن أنفسنا.
لا نعرف في المغرب سوى القليل عن فنزويلا، أما بفنزويلا فلا شيء معروف عن المغرب. والحال أن شخص تشافيز مشهور ويحظى بشعبية كبيرة بفعل مواقفه من قضايا المنطقة: دعم القضية الفلسطينية، و مساندة لبنان في حرب 33 يوما، و قطع علاقاته مع إسرائيل.
إن لنا مع أمريكا المسماة لاتينية تاريخ مشترك: تاريخ الاستعمار، والهيمنة الاقتصادية الإمبريالية، وتواجد الشركات المتعددة الاستيطان، وضغط البنك الدولي وصندوق النقد الدولي، و اتفاقيات التبادل الحر وإرادة سياسية استراتجية حول الشرق الأوسط الكبير.
كما عشنا نحن أيضا العبودية، كما يمثل الأمازيغ شعوبنا الأصلية، كما تعيش بأمريكا المسماة لاتينية جالية عربية مهمة.
اهداف اللجنة البوليفارية
تنمية التبادل، والتضامن.
التعريف بمراحل مبتورة من تاريخنا : العمل على تجربة منظمة القارات الثلاث، إعادة إمتلاك النضالات عبر تجارب المهدي بنبركة و محمد عبد الكريم الخطابي.، مع دراسة تاريخ سيمون بوليفار وقادة التحرير الذين أخصبوا الفكر الجمعي في القارة.
تنوي اللجنة القيام بالتكوين والتكوين الذاتي حول فنزويلا والمنطقة والنضالات الجديدة والبدائل الممكنة، كالبدائل البوليفارية من أجل القارة الأمريكية، بنك الجنوب، إلغاء الديون، مفهوم اشتراكية القرن الواحد والعشرين، الإعلام البديل.

كما ترمي اللجنة إلى إنماء علاقة تضامن متبادل في كل القطاعات: الشباب، العمال، الفلاحين، النساء،القضية الأمازيغية والمسألة القومية. و تطوير التبادل في مختلف المجالات والتعريف بتجربة التسيير الذاتي، و حركة الفلاحين، والجامعات البوليفارية، والتجارب والمشاريع المقامة من قبل النساء، وكذا عن طريق التبادل الثقافي، الأدبي، الشعري، الموسيقى والمسرحي.
إننا نأمل إطلاق حدث كبير يتيح التعريف بلجنتنا.

بوسعنا في مرحلة أولى:
- القيام بعرض ونقاش أفلام حول فنزويلا.
- تنظيم معارض
- تقديم اللجنة خلال مهرجان الموسيقيين الشباب: البولفار.
- تنظيم نقاشات حول فنزويلا خلال مخيم الشباب (الذي نقترح أن يكون بسيدي إفني)
- نستعد ونقوم بدورات تكوين مع مجموعة العمل حول الديون، و بنك الجنوب والبدائل.
- بدءنا بالفعل منذ مدة ننظم دروسا في اللغة الإسبانية.